C’est un travail d’ombre, et même d’art que Hugo Bertrandon et Justine Boyer ont choisi. Un métier peu connu ni salué mais qui offre pourtant à des milliers de spectateurs un instant de magie et de plaisir, chaque année. C’est d’ailleurs pour cela que les deux jeunes Puydomois ont décidé d’être artificiers, il y a plusieurs années.
D’abord employés par l’entreprise Centre spectacles de Veyre-Monton, dans la banlieue de Clermont-Ferrand, les deux collègues décident de s’installer à leur compte en 2016, en louant un local à leur ancien patron, tout en continuant la collaboration. « On a souhaité s’associer à la marque de feux d’artifices Ruggieri, reconnu dans le monde entier », indique Hugo.
200 feux d’artifices par an
Grâce à cette marque et à une concurrence faible sur leur territoire (en Auvergne hormis la Haute-Loire ainsi qu’en Lozère et en Aveyron), leur affaire décolle très vite. « On fait désormais 200 feux par an, calcule Justine. Le métier ne connaît pas la crise. Pour beaucoup de communes, ce serait la dernière chose que le maire supprimerait. »
Leur chiffre d’affaires est presque exclusivement réalisé sur un unique week-end de l’année, les 13 et 14 juillet. « C’est 60 % de notre chiffre d’affaires, 40 spectacles en deux jours, confie Hugo. Forcément, on n’a pas le droit à l’erreur. » Parmi leurs créations, on retrouve les feux d’artifices de Cébazat, de Volvic, de Montluçon, de Bourbon-l’Archambault ou de Sainte-Marie dans le Cantal. Et même ailleurs dans le monde, puisque Justine a participé, avec la marque Ruggieri, aux feux d’artifices à Oman et à Astana (Kazakhstan).
“Le week-end du 14 juillet, c’est 60 % de notre chiffre d’affaires, 40 spectacles en deux jours. Forcément, on n’a pas le droit à l’erreur.”
La spécialité de leur entreprise 2B Événements Ciels, ce sont les spectacles pyromélodiques. Comme des chefs d’orchestre, Hugo et Justine choisissent la partition qu’ils vont jouer lors du grand soir. Choix du thème musical, des différentes bombes explosives, leur métier de création leur offre un panel de possibilités, qu’ils doivent adapter au lieu. « C’est le seul critère que nous imposent les organisateurs. Mais c’est évidemment le plus compliqué. On ne réalise pas le même spectacle sur un stade de foot ou dans un château. »
Le show dépend aussi du budget de chaque commune, qui s’étale environ de 1.000 à 30.000 euros en moyenne. Dans tous les cas, leur maître mot reste « la sécurité », surtout dans les endroits escarpés. « Nous ne prenons aucun risque, notamment avec la météo. Nous manipulons une matière instable mais nous sommes formés à cela. La réglementation est draconienne. »
Une fois que le risque est appréhendé, les gestes et le scénario bien en tête, les deux amis n’ont qu’une envie : donner du plaisir à leur public. Sur les musiques de Johnny Hallyday, plébiscitées cette année, ou sur les plus célèbres bandes-son du cinéma, on appréciera les méduses, papillons ou trèfles dans la nuit noire.